Atlasimmobilier a eu l’honneur de participer à la présentation du dernier ouvrage de Soad Belkeziz, L’énigme de la Qoubba Almoravide de Marrakech, lors d’un événement consacré à la valorisation du patrimoine architectural marocain. Architecte, urbaniste, géographe et écrivaine passionnée, Soad Belkeziz offre dans ce livre une lecture inédite de l’un des monuments les plus mystérieux de la médina : la Qoubba almoravide, vestige rare du XIIe siècle.
Une redécouverte essentielle du patrimoine almoravide
Longtemps oubliée sous les décombres, la Qoubba almoravide fut redécouverte en 1950. Située à proximité de la mosquée Ben Youssef, elle constitue l’un des derniers témoignages encore visibles de l’architecture almoravide, à une époque où Marrakech s’imposait comme capitale d’un empire s’étendant du Sahara à l’Andalousie.
Dans le premier chapitre, La Qoubba almoravide dans son contexte géographique, historique, religieux et hydraulique, l’autrice nous propose une plongée rigoureuse dans l’univers spirituel, politique et technique de la ville au temps de Youssef Ben Tachfin.
Ce chapitre éclaire le rôle fondamental de l’eau dans l’aménagement urbain et spirituel de Marrakech. En croisant urbanisme, religion et ingénierie hydraulique, Soad Belkeziz avance une hypothèse audacieuse : la Qoubba n’était pas un édifice isolé, mais faisait partie intégrante du complexe religieux et hydraulique initial, probablement situé dans la cour de la mosquée fondée par Youssef Ben Tachfin. Ce monument aurait été édifié à proximité immédiate d’un bassin d’ablutions alimenté par les célèbres khettaras, et pourrait avoir incarné un symbole spirituel universel comparable à la source sacrée de Zamzam à La Mecque.
Un regard interdisciplinaire au service de la vérité historique
Soad Belkeziz adopte une démarche interdisciplinaire, mêlant archéologie, architecture, histoire, urbanisme et spiritualité, pour interroger les contradictions de la mémoire historique. Comment expliquer que Youssef Ben Tachfin, fondateur de Marrakech et bâtisseur visionnaire, soit si peu crédité par les chroniqueurs pour ses œuvres architecturales ? Pourquoi la Qoubba fut-elle préservée alors que tant d’édifices almoravides furent détruits par les Almohades ?
Grâce à une analyse croisée des sources, des matériaux et des systèmes constructifs, l’autrice remet en lumière une dynastie trop longtemps négligée, et plaide pour la réhabilitation d’un héritage essentiel à l’histoire du Maroc.
Une œuvre engagée, un plaidoyer pour le patrimoine
Le livre, disponible dans les meilleures librairies — notamment à la boutique du Jaal Riad Resort — ne se limite pas à une analyse contextuelle de la Qoubba almoravide. Il déploie une réflexion approfondie sur les multiples dimensions de ce monument exceptionnel.
Soad Belkeziz nous montre comment, au-delà de sa fonction architecturale, la Qoubba devient un lieu de convergence entre spiritualité et science, où les espaces construits traduisent une vision du monde ancrée dans le sacré. Elle met également en lumière la portée novatrice des techniques mises en œuvre, qui préfigurent certains aspects de l’architecture islamique occidentale bien avant leur généralisation. Enfin, l’autrice s’intéresse à la richesse du décor intérieur, révélant une tension subtile entre l’austérité d’inspiration locale et les raffinements floraux d’influence andalouse, témoins d’un dialogue artistique entre les rives du Maghreb et de l’Espagne musulmane.
Une lecture essentielle pour les amoureux de Marrakech et de son histoire
Avec ce livre, Soad Belkeziz poursuit son engagement pour la préservation et la valorisation du patrimoine marocain. Elle milite pour que la Qoubba almoravide soit inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, et appelle à de nouvelles fouilles et recherches pour enrichir notre compréhension de cette période fondatrice.
Atlasimmobilier, acteur enraciné à Marrakech et Essaouira, soutient avec conviction cette approche qui lie architecture, mémoire et transmission. Comprendre la ville, c’est aussi comprendre ses fondations, ses symboles et l’ingéniosité de ceux qui l’ont bâtie.
